Histoire

De la Violaye

Historique

La Violaye et les propriétaires

La Violaye est une propriété située à Fay de Bretagne, Loire-Atlantique (44). La demeure actuelle est du milieu du 19ème siècle et a été construite à quelque mètres de l’ancien château féodal de la Violaye. Du château restent un certain nombre de bâtiment et de vestiges : une chapelle, une grange fortifiée, un portail d’entrée, des fermes et des vergers, un four…, ainsi que le pigeonnier de la Violaye.

Le château féodal a probablement été édifié au moyen-âge. Il était rattaché au château de Blain, propriété de la famille de Rohan dont le seigneur de la Violaye était le vassal.

« Le château des anciens seigneurs était un grand bâtiment carré, flanqué de grosses tours à ses quatre angles, entouré de douves et précédé d’un pont-levis. Dix-huit fenêtres l’éclairaient au nord, et quatorze au sud. On y accédait par quatre avenues : l’une venant de Fay, l’autre de Blain, les deux autres desservaient l’ensemble du domaine.»

Louis PRÉVEL, Histoire de Blain (1878)

Pierre Bihan, historien local, dans son livre « Contribution à l’histoire de Fay de Bretagne » retrace les différentes familles propriétaires du château : les Crocelay en 1530, les Berthou en 1716 par mariage avec une Crocelay. Au milieu du 18ème siècle, Toussaint Deshaies acquiert la propriété et fait démolir le vieux château féodal qui tombe en ruine. Il le remplace par une demeure d’agrément. Le château deviendra un Manoir au milieu du 19 ème siècle. La propriété a ensuite appartenu à Madame Louis Soulis née François Couëtoux, descendante par les femmes du fondateur de la propriété actuelle. 

Aujourd’hui Céline Cado en est la propriétaire depuis 2020.

La Violaye a appartenu successivement à la famille Crocelay en 1367, à Jean Crepelan en 1530, à la famille Crocelay de nouveau en 1660, à la famille Berthou au début du XVIIIème siècle, au général baron Clouet en 1841, pour une durée très courte, et de nouveau à la famille Berthou. Puis plusieurs propriétaires se succèdent : Josse, Couëtoux et Soullis. Il trouve aussi une chapelle placée sous le vocable de saint Apollinaire. La Violaye était le fief des Crocelay (qui s’écrivait parfois Crosselet). En 1529, Jean de Crocelay était propriétaire et titulaire de cette sergenterie ou bailliage de la Violaye. Ce bailliage porta aussi le nom de « bailliage d’Eff » parce qu’il était situé dans la « frairie » de ce nom.

Pigeonnier

Le colombier de la Violaye

Le colombier se distinguait de la volière qui comportait peu de niches et était élevée sur piliers ou solives.

En Bretagne la coutume prévoyait, dans son article 389, la limitation du droit de colombier par héritage d’une terre noble, qui avait pour caractéristique d’être à la fois un privilège de la noblesse et une sorte de quota de maitrise de la production. 

Le colombier de la Violaye n’est pas un véritable colombier à pied, dans la mesure où il est de forme rectangulaire et est construit au-dessus d’une ancienne étable à environ 2 mètres au-dessus du sol. Son emplacement se trouve à une extrémité, dans l’angle Sud Est de la propriété de l’ancien château. Sa construction au-dessus de l’étable le place en situation de sécurité par rapport aux prédateurs naturels des pigeons.

Il se présente sous la forme d’un quadrilatère de près de 8 mètres de côté, d’une hauteur qui dépasse les 6 mètres au-dessus du sol. Sa construction est formée de murs de pierre lisse et de niches en briques aménagées de haut en bas sur tout le pourtour intérieur du bâtiment. Son ouverture en direction de l’Est le place à l’abris des vents dominants. Il compte plus de 1000 nids, disposés en 15 rangées comprenant entre 15 et 16 niches chacune, dont 3 rangées en bas et 12 rangées en haut. Les côtés des cases sont légèrement inférieurs à 20 centimètres (environ 57cm pour une hauteur de 2 rangées)

Le pigeonnier était autrefois coiffé d’un toit en ardoises à quatre pentes et coiffé d’un ornement symbolique consistant en un pigeon en plomb.

Ce pigeonnier aurait été construit à l’époque du château féodal. Le droit de Colombier faisant partie avec le droit de Garenne des droits accessoires de la seigneurie. Le pigeonnier représentait en effet un prélèvement important sur les cultures pour la nourriture des pigeons et seuls les domaines importants ou les seigneurs avaient la possibilité d’entretenir un pigeonnier. Le domaine de la Violaye a représenté jusqu’à 12% des terres de la commune (environ 1000 hectares de domaine) ce qui permettait d’alimenter le millier de pigeon du domaine)

On trouve le souvenir de ce droit seigneurial dans le blason de Berthou de la Violaye qui est orné d’une colombe.

Le colombier de la Violaye a subi des vicissitudes du temps. Il y a une vingtaine d’année, lors d’une violente tempête d’Ouest, le toit du pigeonnier s’est effondré. Seul le pigeon en plomb coiffant l’édifice a pu être sauvé.

Pour la sauvegarde du bâtiment et des niches, la reconstruction du toit est indispensable. Le pigeonnier une fois restauré pourrait retrouver une utilité à la fois historique et peut être pratique en abritant de nouveaux oiseaux.Le bâtiment est d’un accès facile et peut être aisément visité une fois restauré. 

La chapelle

Dans les registres apparaît un premier baptême en 1538

A la chapelle de la Violaye , on allait visiter Saint Apollinaire, qui était le spécialiste local pour soigner les maux de dents. Pour aider à la guérison, on lui plantait des aiguilles dans la tête. Saint Apollinaire pourrait être un lointain cousin du culte assez proche de Meluc.

Son culte était au centre de la frairie de Nouillac. Vers 1850, on aurait érigé à la Garelais une croix en bois, sur laquelle on avait placé Saint Apollinaire, pour que s’arrête un mal de dents dont souffrait un jeune homme.

Cette croix fut reconstruite à la dernière guerre, pour tenir une promesse, qui avait pour contrepartie le retour des jeunes du village de la guerre.

Cette pratique consistant à ériger des croix, pour se protéger du malheur et plus particulièrement de la guerre a laissé plusieurs empreintes dans l’histoire locale.

Un blason sculpté en bois, venant de la Chapelle, est, aujourd’hui au musée Dobré a Nantes 

Le bois

Le bois dans la société rurale traditionnelle

Il constitue la source d’énergie de base de la société rurale. A ce titre il est protégé, et sa coupe obéit à des règles très précises. C’est la seule source d’énergie pour se chauffer et faire la cuisine.

Dans la société traditionnelle, il est géré comme une ressource à préserver, selon le principe que depuis nous avons théorisé sous le nom de « développement durable ».

La vieille coutume locale de Bretagne fait obligation de replanter des arbres, et de les protéger, si l’on est obligé d’en abattre pour l’usage. La requête de Jean Thomas de Meluc pour avoir du bois à bâtir dans les communs de Meluc, appelés les « Bruslais » illustre ce principe.

« A Monseigneur de la Violaye […] supplie humblement Jean Thomas demeurant au lieu de meluc de Fay

Disant qu’ayant dessein de faire bastir meluc sous votre ditte juridiction de la meraye

Les bois restant fort chers et n’y en ayant pas propre en ladite paroisse pour faire Charpente que dans les Communs de les Communs de ladite Seigneurie. Il requiert qu’il vous plaise Mondit Seigneur luy permettre de faire abattre vingt chesne dans la Chesnaye des Communs du village de meluc appellée les brulais(nom de la forêt actuel de la Violaye) pour aider à faire sondit bâtiment à l’effet de quoi il vous supplie ordonner que ledit arbre luy soit marqué de vostre marteau par l’un de vos officiers qu’il vous plaira, offrant d’en plante trois dans les lieux que lui marquerez dans l’hiver prochain de les armer d’épines et priera dieu pour vous »

Les Crocelay avaient des bois près de la forêt du Gâvre (mais pas dans la forêt elle-même qui appartenait au Duc et sous protection des Rohan).

Les Crocelay avaient un droit du “vol du chapon” dans la forêt ducale. C’est-à-dire qu’il pouvait chasser sur une partie de la forêt qui correspondrait à la distance d’envol d’un chapon (la lisière). 

Pour ce qui est de l’exploitation du bois de hêtres, il est fort possible que les seigneurs de la Violaye aient eu à gérer la forêt au XVIle siècle : Philippe de Crocelay a été un temps intendant du château de la Groulais et des bois qui en dépendent. Puis, il est ensuite Grand-Maître des forêts royales en Bretagne (comprenant le Gâvre). Ils ont sûrement vendu des bois venant de cette forêt mais aussi des bois et forêts aux alentours pour les bâtiments et constructions navales.

La construction navale nantaise se fournissait en effet dans l’arrière-pays. Donc il serait bien possible que les bois de haute futaie de la Violaye y aient contribué.

 

Aujourd’hui des arbres sont plantés à la Violaye.

En 2024, 3300 arbres prendront racines.

Et de cette manière nous continuons la tradition.